Au Palais fédéral, les canaris se volent dans les plumes
«Hugo Ball, l’un des fondateurs du mouvement dada à Zurich en 1916, disait, en pleine Première Guerre mondiale, que la Suisse est une cage de canaris entourée de lions rugissants», rappelait récemment Giuliano da Empoli, l’auteur du Mage du Kremlin. Mais il peut arriver que les canaris se prennent le bec et se volent dans les plumes. C’est ce qui vient de se produire avec la répartition des départements fédéraux et la reprise en main par la droite de deux des plus déterminants portefeuilles de l’heure, les Finances et l’Environnement-Energie (DETEC). La Suisse s’aperçoit que le Conseil fédéral n’est plus le lieu de pouvoir sanctuarisé, ce théâtre de concordance hors des petits calculs et contraintes partisanes dont l’idéologie nationale nous avait convaincus. La répartition du pouvoir ne serait donc pas seulement dictée par les contraintes institutionnelles, les règles et routines ou la préséance de l’ancienneté, mais d’abord par les rapports de force et les enjeux électoraux. En un mot par la politique. Cela paraît étonner à droite et chagriner à gauche.