A la rencontre de l’Indiana Jones des temps modernes
«Nous les hommes, sommes-nous par essence agressifs ou pacifiques, végétariens ou carnivores? Que penser du changement climatique à une grande échelle de temps? Dieu existe-t-il? Y a-t-il quelque chose après la mort? Comment sont nés le langage et la conscience? Toutes ces questions, vous pouvez les poser à un paléoanthropologue!» Juan Luis Arsuaga se fera un plaisir de tenter d’y répondre, à grand renfort de références piochées dans sa connaissance encyclopédique de l’évolution humaine. Autour de lui, dans son bureau de l’Institut de santé Carlos III à Madrid, les objets parlent d’eux-mêmes: une réplique de tricératops – ce dinosaure d’il y a 66 millions d’années –, un buste de Socrate, un portrait de Darwin, un paysage dogon, des dessins représentant plusieurs espèces humaines – de l’Homo habilis à l’Homo sapiens. Et une paire de skis. «Dès que je peux, quand l’administration me fiche la paix, je vais dévaler les pentes ou courir en pleine nature!» A 68 ans, le plus célèbre des scientifiques espagnols, le premier à avoir fait la une de Nature, ce paléonthologue aussi bardé de diplômes qu’apprécié du grand public donne l’impression d’un grand enfant. La voix éraillée et les yeux rieurs semblent habités par une curiosité vorace et incessante. Comme un sixième sens.